« Tu sais lundi, mon ami, il faut que tu réagisses. Tu es morne. Tu es gris. Gris souris. Gris éléphant. Mais toujours couleur de poussière. Couleur de bitume. Ta journée est fade, triste et mélancolique. C’est le début d’on ne sait quoi mais qui n’augure rien de bon… ».

« Mais je ne suis pas du tout d’accord mon bon mardi. Je te rappelle que Claude François a chanté mes louanges. Et puis toi mardi, que vois-je dans ton jardin : du rouge, du rouge sang, le sang de la guerre, tel le digne représentant de Mars. Tu incarnes l’enfer et le feu éternel. Et puis, tu es bien plus traitre que moi ; l’esprit du dimanche règne encore dans les esprits le lundi. Alors qu’en vérité, toi, personne ne te réclame ni ne te désire dans sa semaine ».

« Ah ! Mais non ! Ce que tu peut-être désagréable… Je ne suis pas que cela. J’évoque aussi mardi gras. Je suis rouge cerise. Le cœur grenadine de Laurent Voulzi. Rouge comme le cœur de l’amour et la passion de la rose. Je suis fascinant et énergique. Tel le rubis ». Mardi se tourna alors vers mercredi. « Et toi, qu’en penses-tu ? ».

« Oh moi, je suis joyeux et enjoué ! J’ouvre les horizons de tous… . Je suis le ciel et la mer. Le rêve, la sagesse et la sérénité. L’écho de la vie et du voyage. Je suis de toutes les fêtes d’anniversaire ! »

« Oui, enfin grommela jeudi, après les bacchanales, la mélancolie te prend et tu te retrouves tel un mercredi des cendres… ».

Mais quel rabat-joie, rétorqua mercredi. Et toi alors, tu évoques le corbeau et ses ténèbres. Sombre et menaçant. Tu entraines les hommes en des eaux profondes et cafardeuses… Jeudi noir, va…

Jeudi haussa les épaules. « Je te rappelle que je suis le jour du dieu Odin et de Thor. Jour de tonnerre. Ainsi que le représentant de Jupiter. Et je suis aussi la couleur indigo. Puissante, lumineuse et surprenante. Tel l’immensité du ciel nocturne, lorsque les nuages s’entrouvrent et laisse apparaitre les myriades d’étoiles… Et puis, fit-il avec un clin d’œil à mercredi, tu oublies la semaine des quatre jeudis ! Et que je suis le jour de sorties de tous les jeunes en goguette, qui aiment à manger du réglisse… ».

Vendredi, quant à lui, était au-dessus de toutes ces vaines querelles. Il était la nature tout entière. Les grandes prairies d’herbes, les arbres et les plantes. Les alpages et les pâturages. Le monde végétal dans son intégralité. Apaisant, rafraîchissant, tonifiant. Il représentait l’espoir et la chance. Mais jeudi ne put s’empêcher de lui lâcher une remarque acerbe : « Ouais mais bon, vendredi, c’est bien joli tout ce vert fadasse et nauséabond, mais il semblerait que tu portes quand même malheur le treize ! ».

Quant au samedi, petit veinard, lui était né sous une bonne étoile. C’était le bonheur et la joie. La délicatesse, la tendresse et la jeunesse. Sa couleur rose le faisait régner en maitre du romantisme et de la séduction. Avec toute une déclinaison de la palette : du rose bonbon au magenta et au fuchsia. Avec le samedi, on ne pouvait que voir la vie en rose…

Et enfin, le dimanche : jour de repos et jour du soleil. Jour de fête. Le jaune dans toute sa joyeuseté primesautière : jaune poussin, jaune canari, jaune jonquille. Couleur de sable et du désert. Douceur de vivre. Il égaye la semaine et la fait rayonner. Joies des réunions de famille où l’on revêt ses habits du dimanche. « C’est dimanche ! Le dimanche efface toute la rouille de la semaine » a pu affirmer Joseph Addison…

Mais le lundi ajouta, perfide : « le dimanche n’est qu’un jour de tromperie, de traitrise et de mensonge car au final, il ne fait qu’annoncer la grisaille du lundi… ».