En secret, il s’esquiva furtivement. Doucement. Il sortit dans la rue blême et crépusculaire. C’était l’hiver. Il n’était pas très tard mais le temps était orageux et menaçant. La rue n’était éclairée que par quelques réverbères blafards. En secret, il gagna la demeure adjacente. Il songea à elle avec convoitise et cupidité ; sa femme n’aimait pas qu’il y aille. Elle disait que ce n’était pas leur affaire. Que tout ce qu’ils avaient à y gagner, c’était des embêtements. Qu’ils en avaient déjà bien assez des leurs. Mais il n’était pas d’accord. Il avait une excellente raison de se rendre chez elle. Il toqua à la porte. Une vieille dame entrebâilla la lourde porte d’entrée blindée. Le dos courbé, les jambes torses, la peau flétrie, les yeux vitreux, la voix râpeuse. Il l’aida à préparer son souper, et lui tint compagnie. Puis, il l’aida à s’allonger dans son vieux fauteuil désuet et élimé. Il la contempla, plein d’espoir. Elle était sans enfant, sans famille. Il attendrait, avec confiance. Elle était fortunée. Peut-être lui léguerait-t-elle ses biens ? Elle représentait son horizon. La liberté retrouvée. C’était son secret.